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main-d’œuvre libre suffisante pour faire face à tous les besoins ?

Nous avons reconnu que c’est difficile. Nous croyons avoir montré aussi que, tout au moins dans certaines régions, et pour certaines catégories de travaux, ce n’est pas impossible.

S’agit-il, par exemple, du portage des hommes qui ont une expérience coloniale incontestable, comme Foureau, Galliéni, etc., affirment que la corvée n’est pas indispensable et que les indigènes, habitués à ce genre de travail, s’y prêtent volontiers, pourvu qu’on ne les surmène pas et qu’on les rémunère convenablement.

Mais si, dans des conditions normales, le recrutement des porteurs se fait avec une facilité relative, en est-il de même lorsqu’on a besoin de plusieurs centaines ou même de plusieurs milliers de travailleurs, pour des entreprises à l’européenne, telles que l’exploitation des mines ou la construction et l’exploitation d’un chemin de fer ?

On ne saurait contester que, dans pareils cas, les difficultés sont beaucoup plus grandes et que souvent, dans l’impossibilité — si l’on ne recourt pas à des réquisitions — de trouver sur place des ouvriers en nombre suffisant, il faut recourir à des travailleurs étrangers.

À cet égard, nul exemple n’est plus caractéristique et plus instructif que celui du chemin de fer de Matadi au Stanley Pool.

Les premiers temps de la construction furent terribles. Faute de main-d’œuvre locale, on eut recours à des gens de la côte, à des Zanzibarites, puis à des Chinois et à des nègres des Antilles. Parmi ces travailleurs importés, la mortalité fut énorme. Les Chinois et les ouvriers venus des Antilles moururent presque tous ou durent être rapatriés. Les Zanzibarites ne résistèrent pas beaucoup mieux. Il fallut, bientôt, s’en tenir aux Sénégalais, aux Sierra-Leonais, aux Akkra, et, au bout de quatre ans, la situation sanitaire devint normale.