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Le gouvernement local reconnut que, bien que le travail ne puisse être obtenu par contrainte, il est impolitique, dans les conditions on se trouve le pays, d’insister inutilement sur ce point dans les déclarations adressées aux indigènes.

Le Gouverneur convoqua les colons à une conférence qui se tint à Nairobi, le 23 mars 1908. Dans sa lettre de convocation il constate qu’ « en général, les indigènes sont inaccoutumés à toute forme de travail autre que celui de gratter la terre de leurs champs, tâche qui est trop fréquemment laissée aux femmes. En outre, les indigènes, qu’ils soient agriculteurs ou pasteurs, se trouvent dans des conditions de vie si aisées pour eux qu’ils n’ont que peu de propension à surmonter la répugnance naturelle de l’africain pour le travail manuel. » Le Gouverneur déclare, ensuite, qu’il n’est pas possible de recourir au travail forcé, à la contrainte, qu’il faut compter sur l’éducation progressive du noir, sur l’accroissement de ses besoins, sur le développement du commerce. Il ajoute que les conditions dans lesquelles il intervient, comme « courtier de main-d’œuvre », afin de fournir des travailleurs aux colons, seront conservées quant aux principes généraux, et sauf amélioration de détail. Il signale, enfin, que l’engagement de porteurs et d’autres serviteurs, à de hauts salaires, par les touristes, aggrave les difficultés de recrutement pour les colons.

À la conférence du 23 mars, un grand nombre de colons exposèrent leurs doléances. Quelques-uns proposèrent d’introduire dans le Protectorat le « système des passes » employé dans l’Afrique centrale pour obtenir et conserver une quantité suffisante de main-d’œuvre, ou d’atteindre le même but au moyen de dispositions fiscales, telles que la taxe différentielle en usage au Nyassaland, ou l’accroissement de l’impôt indigène.

Mais ces suggestions ne furent point accueillies. On se borna, comme le Gouverneur l’avait annoncé, à modifier quelque peu le règlement fixant les conditions « dans lesquelles le gouvernement s’efforce de recruter la main d’œuvre » (2 avril 1908),