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Aussi voyons-nous, dans tous les pays et à toutes les époques, ceux qui entreprennent la colonisation des pays neufs, s’efforcer de résoudre le problème de la main d’œuvre, soit en établissant ou en rétablissant l’esclavage, soit en ayant recours au travail de convicts ou d’indented servants, soit en contraignant les indigènes au travail, par tout une série de moyens directs ou indirects.


§ 3. — Les diverses formes de travail forcé


L’organisation d’un système de travail forcé a été plus systématique au Congo que partout ailleurs, mais il n’est peut-être pas de colonie africaine où, soit pour se procurer de la main-d’œuvre, soit pour en procurer aux particuliers, le gouvernement colonial n’ait pas recours, ou n’ait pas eu recours antérieurement a la contrainte.

Il suffira, pour l’établir, de donner quelques indications sommaires sur le régime du travail dans les colonies allemandes, françaises, anglaises et portugaises.

I. Colonies allemandes. — Des renseignements intéressants sur les difficultés du problème de la main d’œuvre dans les deux principales colonies allemandes de l’Afrique — Kameroun et Deutsch Ost-Afrika — nous sont fournis par les rapports officiels relatifs à ces colonies.

Dans le Kameroun, où les impôts indigènes ne représentent qu’une très faible partie des recettes budgétaires totales — 171 250 francs en 1908 sur un total de plus de 8 millions — les plantations et le chemin de fer ont besoin de dix à douze mille travailleurs réguliers. La population indigène totale étant évaluée à deux millions, il n’est pas impossible de se les procurer. Mais le rapport pour 1906-1907 constate que « la question de la main d’œuvre devient de plus en plus sérieuse, à cause de l’essor du commerce dans les dernières années, du besoin constant de travailleurs dans les plantations, de la