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CHAPITRE III

LE SOCIALISME ET L’ABOLITION DU TRAVAIL FORCÉ


La grande valeur humaine, c’est l’homme lui-même. Pour mettre en valeur le globe terrestre, il faut d’abord mettre l’homme en valeur. Pour exploiter le sol, les mines, les eaux, toutes les substances et toutes les forces de la planète, il faut l’homme, tout l’homme, l’humanité, toute l’humanité.
Anatole France.


Les décrets des 2 et 10 mai 1910 ne comportent pas l’abolition complète, même à terme, du travail forcé. Les indigènes du Congo belge restent soumis à des levées éventuelles, pour l’exécution des grands travaux d’utilité publique et à des corvées mensuelles, rémunérées ou non rémunérées, pour l’aménagement des chemins, ponts ou passages d’eau, la construction d’écoles, de prisons, de lazarets, de gîtes d’étape, de cimetières, d’habitations pour les Européens de passage, le débroussaillement et le maintien des villages en état de propreté.

Si l’on songe qu’en outre, ils auront à fournir un assez grand nombre de soldats et à payer des impôts en argent, qui pourront s’élever à 12 francs, plus 2 francs par femme supplémentaire, il est permis de se demander si la nouvelle loi de seize heures est beaucoup moins oppressive que l’ancienne loi des quarante heures, quand celle-ci était réellement appliquée !

En tout cas, le travail forcé subsiste.

Il faut donc examiner les arguments que l’on invoque en sa faveur et dire pour quels motifs nous demandons son abolition radicale.