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CHAPITRE VI

LA REPRISE ET LES RAPPORTS ENTRE LA BELGIQUE ET LE CONGO


Malheur à celui qui bâtit sa maison par l’injustice et ses étages par l’iniquité ; qui fait travailler son prochain sans le payer, sans lui donner le fruit de son travail ; qui dit : je me bâtirai une maison vaste et des chambres spacieuses ; qui la lambrisse de cèdre et la peint en couleur rouge…
Jérémie XXII ; 13.


De 1885 à 1890, c’est-à-dire pendant les premières années du régime de l’union personnelle, la masse du peuple belge se préoccupa fort peu du Congo. Les entreprises africaines du Roi, même après la constitution de l’État Indépendant, passaient pour affaires privées. En demandant aux Chambres l’autorisation de devenir le chef d’un autre État, d’un « État étranger », Léopold II avait déclaré formellement que « cette union serait avantageuse pour le pays, sans pouvoir lui imposer des charges, en aucun cas »[1].

Moins de cinq années après, cependant, d’accord avec le chef du cabinet belge, M. Beernaert, il demandait aux Chambres d’avancer vingt-cinq millions au Congo et de s’intéresser dans la construction du chemin de fer, en échange du droit d’annexer l’État Indépendant, soit à sa mort, soit même de son vivant[2].

  1. On trouvera le texte de la lettre du Roi a M. Beernaert (16 avril 1885), d’où nous extrayons ce passage, dans Wauters : L’État Indépendant du Congo, p. 93. Bruxelles, 1899.
  2. Ibid, pp. 97 et suiv.