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Mais, pour les années prochaines, on doit prévoir de nouvelles diminutions de récoltes, sans que l’on puisse espérer des compensations suffisantes par suite de nouvelles augmentations de prix.

Il faudra donc compter sur d’autres ressources — l’exploitation des mines ou le développement de l’agriculture, par exemple — pour suppléer au déficit de la cueillette du caoutchouc ; mais si, en définitive, le système inauguré en 1892 a fait faillite, au point de vue du rendement, aussi bien qu’au point de vue humanitaire, il n’en reste pas moins que, pendant des années, il a fourni des recettes énormes à l’État, au Souverain et aux Compagnies concessionnaires.

I. Les recettes de l’État — L’État Indépendant n’a jamais, après 1900, publié ses comptes de recettes et dépenses, mais seulement des prévisions budgétaires, qui sont restées, toujours, fort au dessous de la réalité.

À l’époque de la reprise, cependant, les Chambres belges se virent communiquer le compte général du budget pour 1906, d’où il résulte qu’à ce moment, où le système était en pleine vigueur, le produit du Domaine Privé de l’État, des tributs et impôts en nature payés par les indigènes, s’élevait à 12.879.094 francs. De plus, le portefeuille, composé pour la plus grande partie d’actions de sociétés concessionnaires, rapportait, pour la même année, 4.085.736 francs.

D’autre part, dans une interview du Temps (12 novembre 1909), M. Renkin, ministre des Colonies, déclarait que, défalcation faite des frais considérables de perception de l’impôt en nature, le produit du Domaine Privé, bon an mal an, ne dépassait pas 10 millions.

Quoi qu’il faille penser de cette évaluation, il reste certain que, pendant la période des débuts, les recettes du D. P. furent un élément essentiel des finances de l’État. Ce sont elles qui lui permirent de vivre et de se développer hâtivement — colonie sans métropole — avec, pour toutes ressources extérieures, une trentaine de millions avancés par la Belgique ;