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CHAPITRE V

LES RÉSULTATS DU RÉGIME LÉOPOLDIEN


Auferre, trucidare, rapere falsis nominibus imperium ;
atque ubi solitudinem faciunt, pacem appellant
.
Tacite.


On n’essaie plus de défendre, aujourd’hui, le système d’exploitation créé au Congo par le roi Léopold II.

Ceux même qui, jadis, furent les plus opiniâtres soutiens de la politique royale, se bornent à plaider les circonstances atténuantes. M. Jules Van den Heuvel, par exemple, au lendemain de la mort du Souverain, dont il fut le ministre, consacrait ces lignes significatives aux procédés de l’État Indépendant :

Après avoir épuisé les stocks d’ivoire, on eut recours à l’impôt, et à l’impôt en travail, obligeant le nègre à recueillir une certaine quantité de caoutchouc. Le principe de cet impôt pouvait se justifier : n’avons-nous pas vu les corvées admises par la plupart des législations des États européens, lorsque ceux-ci étaient dans une période moins avancée qu’aujourd’hui ? Mais le Roi commit la faute grave de ne pas assurer suffisamment une organisation prudente et une perception modérée de cet impôt[1].

On passa donc condamnation, quitte à soutenir que si l’œuvre royale, trop hâtivement poursuivie, devait inévitablement offrir des lacunes, des défauts et des abus, elle n’en fut pas moins, en fin de compte, bienfaisante et digne d’admiration.

La Commission d’enquête dit encore M. Van den Heuvel

  1. Van den Heuvel. Le Correspondant, 1910, p. 25 : Léopold II.