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LA TERREUR DU FOUET

que ce dégoût même, s’était indissolublement lié à une volupté. Et elle avait pu tout à son aise faire un parallèle entre les blandices sucrées, un peu fades, des caresses féminines de son amie Ernestine et le rude assaut viril qu’elle avait essuyé de la part de Trichard. Elle évoquait encore avec épouvante cette phase terrible où elle s’était sentie bouleverser, comme une feuille au vent, comme une chose légère et sans consistance, dans l’irrésistible force de la tempête.

Alors elle frémissait encore de dégoût et d’épouvante. Et cela n’allait pas sans quelque âcre volupté. Certes, elle ne s’avouait pas qu’elle aurait voulu que Trichard la possédât encore. Bien au contraire, à cette idée qu’il la prendrait derechef, elle avait froid, sa peau se granulait en chair de poule et elle sentait la petite mort dans le dos. Et avec une irritante curiosité, elle s’efforçait de prévoir si alors elle éprouverait encore cette terrible sensation qui l’avait pénétrée jusqu’à la moelle, sensation faite de souffrance aiguë, de volupté insoupçonnée, qui l’avait laissée frémissante dans les