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LA TERREUR DU FOUET

Elle lui tendit ses lèvres et, sous l’odieux baiser qu’elle dut subir, elle frémissait, sa bouche emplie d’amertume. Elle fermait les yeux, tâchait d’évoquer l’image d’Ernestine, mais les grosses moustaches raides de Trichard lui piquaient le nez et rendaient l’illusion impossible. Il reprenait :

— Embrasse-moi mieux que cela.

Sa voix était rude et sévère et, pour l’appuyer, il avait allongé à Marguerite, interdite et tremblante, un grand soufflet. Elle l’embrassa de son mieux, comme elle aimait à embrasser son amie Ernestine.

Il parut content et disait :

— Ça va bien. Maintenant tu vas te mettre en chemise et tu iras te coucher.

Mais comprenant que l’instant fatal était proche, que l’heure maudite, redoutée depuis longtemps, allait sonner, l’infortunée jeune fille s’écroulait sur une chaise, et, la tête dans ses mains, le buste en avant sur la table, elle pleura amèrement, gémissant d’une manière lugubre.

Il la secouait par l’épaule rudement et s’écriait d’une voix tonnante :