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LA TERREUR DU FOUET

mais tu souperas, voilà tout. Car ce soir, nous irons faire un tour du côté de la gare Saint-Lazare. Il y a des hommes chic qui adorent ça, une jeune ouvrière. À onze heures, tu auras gagné au moins un louis. Tant pis si, jusque-là, tu auras l’estomac dans les talons, c’est bien de ta faute.

Elle eut, dans les yeux, un éclair de triomphe. Du moment qu’il allait la faire sortir, elle comptait bien ne pas rester longtemps avec lui. Ce fut comme s’il avait lu dans sa pensée. Car il se leva d’un bond, repoussa sa chaise d’un coup de pied et d’une voix inexorable qui glaça le sang de la malheureuse, il disait :

— Oui, je suis bon garçon, quoique je le dise moi-même, mais je n’aime pas qu’on se paie ma tête. On ne sortira pas ce soir et, peut-être, même pas demain. Puisque tu n’as pas voulu manger ta côtelette, je vais te faire dîner autrement.

Il y avait au mur, rangées en panoplie, trois cannes. Il prit l’une d’elles, et, dévissant le manche, il en sortit une matraque, un boudin en caoutchouc gros comme le doigt et qui avait un pied