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LA TERREUR DU FOUET

Elle restait là, son chapeau sur la tête, bien tranquille, bien sage, les yeux dilatés, ne regardant personne, la pensée tendue vers cette arrivée qu’elle souhaitait et redoutait à la fois, chassant tout souvenir lointain, sentant bien que l’image de ses chers morts rôdait autour d’elle, mais que si elle allait la laisser entrer dans son cerveau, elle aurait éclaté en larmes et en sanglots. Et elle ne voulait pas. Non, elle ne voulait pas pleurer.

On frappait à la porte et ces larmes que Marthe refoulait, jaillirent d’un coup. Elle eut une crise de sanglots. Les autres ouvrières, apitoyées, hochèrent la tête. Elles n’avaient pas mauvais cœur. L’envie, la joie de voir souffrir cette fille au-dessus de leur condition s’évanouirent devant la manifestation de cet immense chagrin.

Mme Vlicot faisait une entrée tapageuse. Elle tendit de haut sa main, le coude relevé, comme la mode s’en répandait, venue de la cour d’Angleterre, et elle disait à Mme Klotz :

— Ça va comme vous voulez, chère Madame ? Toujours belle !