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LE LIVRE DES PEINTRES

curieux épisodes, tels, par exemple, qu’un grand ours que l’on fait danser pour de l’argent. C’est très divertissant à voir[1].

Il y a encore de lui sur le Wahal un Enfer où les patriarches sont délivrés par le Christ et où Judas, qui tente de s’évader, est pris par le cou à l’aide d’un nœud coulant et pendu. On voit là les monstres les plus curieux et il faut vraiment admirer l’habileté du peintre à rendre les flammes et la fumée[2].

À Amsterdam on voit un Portement de la croix, dans lequel il a fait preuve de plus de sérieux que d’habitude[3].

Chez un amateur de Harlem, Jean Dietring, j’ai vu plusieurs de ses œuvres : des volets avec des saints, et, entre autres, un Saint moine qui se dispute avec les hérétiques et fait jeter au feu tous leurs livres avec le sien ; les flammes devant épargner le livre de celui qui est dans la vérité, le livre du saint est lancé loin du bûcher.

Tout cela est fort bien rendu, tant les flammes que le bois fumant et entouré de cendres. Le saint et son compagnon sont très graves et dignes tandis que les autres figures sont des plus grotesques.

Ailleurs il y a un Miracle où un roi et d’autres personnages sont renversés et frappés de terreur[4], et où les visages, les cheveux et les barbes produisent, avec peu de travail, un excellent effet.

On voit encore des œuvres de lui dans les églises de Bois-le-Duc[5] et ailleurs, notamment à l’Escurial, en Espagne, où ses œuvres sont tenues en haute estime [6].

  1. Ce tableau n’est signalé dans aucune Galerie.
  2. Deux œuvres répondent à ce sujet, l’une à Hampton Court (n° 753), l’autre au musée de Prague.
  3. C'est probablement la composition qui fut, plus tard, retouchée par Lambert Lombard et dont il existe une grande estampe gravée par un anonyme et publiée chez Cock. Ce tableau paraît avoir été à Bonn en 1584, d’après un document trouvé par M. Godef. Kinkel dans les archives de l’Université. On suppose qu’il disparut de la ville en 1590, après l’incendie de la cathédrale où se trouvait l’œuvre en question.
  4. Peut-être le Triomphe de la Mort, du musée de Madrid.
  5. Ces tableaux n’existent plus. On voyait encore, selon Gramaye, en 1611, à l’église Saint-Jean, à Bois-le-Duc, la Création du Monde, Salomon et Abigaïl, l’Adoration des Mages, la Prise de Béthulie avec Judith et Holopherne, Esther devant Assuérus. Lors de la prise de Bois-le-Duc en 1629, Frédéric-Henri autorisa le clergé catholique à emporter ces peintures. (Voyez T. van Westrheene dans le Künstler-Lexikon de Meyer, tome Ier, page 90.)
  6. Le musée de Madrid possède de Jérôme van Aken huit peintures (nos 1075 à 1082) qui ne sont pas toutes considérées comme authentiques.