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Qu’une voix très lointaine chante…
Ou est-ce ta voix qui chante ainsi ?
Il fait si noir ; j’ai peur. Est-ce qu’il neige encore ?
La lampe s’est éteinte et le feu s’est éteint.
La nuit touche mes yeux. Je m’endors et je pleure…
Ô Mère ! Donne la bénédiction du soir
À mon cœur qui a pitié,
Et chante-moi, en me berçant,
Cette chanson plaintive et touchante
Qu’ils chantent, là-bas, sans fin, sans fin…
Mère, embrasse-moi, comme je t’embrasse,
Pour tous ceux qui ont faim et froid
Dans le vent, dans la neige et dans la glace.
Et dis-moi, ne vais-je pas rêver, tantôt,
Que je suis le petit agneau
Et que le loup me mange ?

— Dors, enfant ! Ce n’est qu’un songe…
Dors, l’aube est proche. Dans le matin
Vont sonner les cloches d’or. Repose.
Il passe un souffle d’avril lointain.
La neige se fond. Voici les roses…

— Ô Mère ! Alors, comme un bon ange,
Prends-moi dans tes bras,
Pendant que le loup me mange.
Reste près de moi.
Embrasse-moi…