Au fond de toute joie on trouve le regret,
Dans tout lac bleu quelque hydre immonde.
Laissons courir le temps ; et ne nous plaignons pas
Si l’horizon toujours de plus d’ombre se voile,
Si l’aquilon plus fort déchire notre voile
Qui flotte en lambeaux à nos mâts.
Dieu seul a le secret, Dieu seul, de toute chose.
Il sait d’où vient la nue en voyage dans l’air,
Et le but où descend la flèche de l’éclair,
Et tout effet, de toute cause.
Il sait où va la source à travers les vallons,
Et la feuille des bois qu’à sa branche, en automne,
Arrache la tempête aride et monotone ;
Et nous, il sait où nous allons.
Il sait où nous allons. Suivons donc notre voie,
Sans refaire nos jours de relais en relais ;
Et, sombres ou dorés, mes amis, prenons-les
Ainsi que Dieu nous les envoie.