Et l’orgue végétal mêlait ses longs murmures
Aux rumeurs des torrents qui grondent dans la nuit.
Tout un monde d’oiseaux voltigeait sur ses branches,
Leur palais verdoyant, toujours plein de concerts,
Fauvettes au bec d’or, ramiers aux ailes blanches,
Rossignols qui semaient leurs trilles dans les airs.
Voyageurs fatigués, sous son toit de feuillage
Vous aimiez, en passant, vous aimiez vous asseoir,
Et vos yeux saluaient le clocher du village
Et le chêne lointain, quand vous veniez le soir.
Et le voilà tombé, l’arbre des solitudes,
Colonne de ce temple où l’inspiration
Révèle à ses élus, bien loin des multitudes,
Le beau, cette splendeur, l’idéal, ce rayon.
Toi qui faisais monter tes hymnes dans l’espace,
D’un obscur bûcheron l’arme t’a jeté bas.
Mais, ô chêne vaincu, le voyageur qui passe
Se souvient de ton ombre et ne l’oublîra pas.
Car il garde en son cœur, il garde en ses oreilles
Page:Van Hasselt - Nouvelles Poésies, 1857.djvu/59
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.