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Tu hantes tous les chefs du poétique empire,
Et fais fraterniser Corneille avec Shakspeare.
Parfois tu suis le Dante en ses cercles de fer,
Ou Byron dans le cœur humain, cet autre enfer ;
Parfois, le Tasse au fond du sombre moyen âge,
Camoëns sur les flots où sa gloire surnage.
Et Gœthe au grand calvaire où Faust crucifié
À l’admiration commande la pitié.

L’antiquité t’a vu, cette austère dryade,
En ses chastes abris, feuilleter l’Iliade,
Et, conversant avec les rêves de Platon,
Sonder tous les halliers verdoyants du Phédon.
Elle t’a vu causer avec le doux Virgile,
Suivre Horace au milieu de ses lares d’argile,
Et saluer de loin Juvénal à travers
La cage où rugissaient les tigres de ses vers.

Chacun d’eux, étant roi, t’a fait quelque largesse ;
L’un t’a donné la grâce, et l’autre, la sagesse ;
Celui-ci, la grandeur, et celui-là, l’esprit.
Tous ont laissé dans toi quelque grand mot écrit.
À la source du beau tu t’es abreuvé l’âme,
Comme au foyer du vrai ta lampe a pris sa flamme.