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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

(1854-1891)


Fils d’officier, Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854, à Charleville (Ardennes), dans la maison de son grand-père maternel, Nicolas Cuif.

Son adolescence fut orageuse. Les années de collège terminées, un soir de septembre 1870, après avoir rimé ses premiers vers, il s’enfuit de la maison maternelle et file sur Paris. Réintégré au domicile natal, il se dérobe de nouveau, descend la vallée de la Meuse, gagne Charleroi. Il vagabonde et marque cette période de poèmes qu’on lira plus tard dans ses œuvres, — tels Le Buffet, Le Dormeur du Val, Ma bohème. Nostalgique d’on ne sait quelle cité, Arthur Rimbaud repart pour la capitale, tombe chez André Gill, qui, ahuri de l’escapade, le congédie. « Il dut, — écrit son pieux biographe, M. Paterne Berrichon, — par cette fin d’hiver et huit jours durant, à travers les rues, errer sans pain, ni feu, ni lieu… cela jusqu’à ce que, mourant littéralement de misère, il se résignât à reprendre à pied le chemin de Charleville… »

Après une correspondance engagée avec Verlaine, le voici de nouveau à Paris. Il y séjournera d’octobre 1871 à juillet 1872, logeant successivement chez Théodore de Banville, rue Racine, à l’hôtel, et enfin, grâce aux munificences du poète de La Bonne Chanson, dans ses meubles, rue Campagne-Première. Il voyagea ensuite en Angleterre, en Belgique jusqu’en 1873, époque à laquelle s’opère tragiquement sa rupture avec Verlaine. Expulsé de Belgique, il fait une nouvelle apparition à Charleville, passe encore à Paris, professe le français à Londres, projette un voyage en Orient. En février 1875, nous le découvrons à Stuttgart, puis en Italie. Racolé pour l’armée espagnole carliste, il se soucie peu de rejoindre son corps, et, sa prime d’engagement touchée, se dirige de nouveau sur Paris. Dès lors, c’est une suite d’aventures sans nombre. Engagé dans les troupes néerlandaises, il part pour l’archipel de la Sonde. Déserteur, il erre dans les îles de Java, déjouant les recherches des autorités, puis s’embarque à Batavia, en qualité d’interprète-manœuvre sur un bateau anglais. De retour en Europe, après une héroïque