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Champagne

Et regardés les euvres deïficques
Dont Dieu nous a si grandement douez
Que tous nos deulz[1] sont aujourd’huy muez
En joyes, en chantz, en plaisirs et en jeux,
Par ces trois Dames lesquelles cy voyez :
C’est France et Flandre, et la Paix entre deux.

Vouloir divin a conduit ces ouvrages,
Par luy sont faitz ces euvres mirificques,
Du ciel sont cheues ces plaisantes ymages,
Doulx maintiens humains et angeliques.
Ne sont-ce pas precieuses relicques ?
Pensez que ouy : ainsi fault que croyez.
Et pour ce, enfans, soyez tous envoyez
De rendre loz au Dieu celestieulx
Pour ces trois corps qui vous sont envoyez :
C’est France et Flandre, et la Paix entre deux.

Tremblez acop, envenimez langaiges,
Cueurs desloyaulx et gens dyabolicques.
Pervers, maulditz, pleins de crueulx oultraiges ;
Ne descordez à ces joyeux cantiques.
Muer vous fault vos lances et vos piques,
Et que d’armeures vous soyez desarmez,
Affin que mieulx ceste paix advouez,
Et que de cueurs loyaulx et vertueux
Vous maintenez tousjours ces pointz liez :
C’est France et Flandre, et la Paix entre deux.

Prince Françoys, tes faitz glorifiez
Nous gratulons d’ung desir convoiteux,
Puis que ces trois ensemble aliez,
C’est France et Flandre, et la Paix entre deux.

(Œuvres de Coquillart, édit. de 1857, I.)
  1. Deuils.