Est-ce Lexobie ou Tolente,
Ou la fontaine d’Occismor ?
Par delà le flux des années, Dans l’étalé des jours trop long-s, Les étés rongent les moellons De ses berges abandonnées.
Et pas une âme ne répond A la chanson toujours pareille, A la chanson de l’eau qui veille, Sous les piliers moisis du pont.
Eaux d’un Léthé, sans fin vouées A l’empire du Spectre-Oubli, Elles reflètent sans un pli Un ciel d’immobiles nuées.
Ah ! si le souffle des grands vents Eût déchiré ce blanc suaire. S’il eût creusé dans l’estuaire Ses sillons glauques et mouvants !
Oh ! là-bas, à la mer montante Si le déferlement des flots Mêlait sa clameur aux sanglots Profonds et forts de la tourmente !
Mais le vent se tait, et les cieux Sur notre tête ou dans l’eau blême Sont comme un dédaigneux problème Narguant l’enquête de nos yeux,
Tandis qu’au large de la rive Qu’a découverte le jusant. Les barques sur l’étain luisant Vont, comme l’heure, à la dérive.
[Pai tances.