Des bords fleuris du Leff aux rives de l’Isole,
A la gloire des Saints, des Héros et des Dieux Sous les brises frémit la lyre occidentale, Et l’auguste splendeur des rythmes radieux Par les landes sans fin plus librement s’étale. Sur les grèves, dans les forêts, près des étangs, La prophétique voix des bardes que j’entends M’annonce que bientôt luira le jour prospère Où je magnifierai par des vers éclatants Celle qui doit régner au manoir de mon père.
A la modernité voluptueuse et molle
L’âme ne s’ouvre pas des Celles orgueilleux.
Mais leur orgueil aux pieds du Christ Martyr s’immole ;
Et, gardiens obstinés du culte des aïeux,
Comme autrefois ils vont en file triomphale
Vers les temples où les miracles merveilleux
Se succèdent, comme autrefois, sans intervalle.
J’ai supplié les Saints de Bretagne et je tends
Les bras vers le Seigneur qui, dès l’aube du Temps,
Promit sa grâce à qui jamais ne désespère :
Qu’ils guident jusqu’à moi par un soir de printemps
Celle qui doit régner au manoir de mon père.
Princesse, vers qui vont mes espoirs haletants Ainsi que des oiseaux aux grands vols palpitants. Toi vers qui mon désir enfiévré s’exaspère. Toi qui me donneras la joie où je prétends, Que ton règne fleurisse au manoir de mon père !
[Les Mu an ces.)