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LES POÈTES DU TERROIR

Le succès de ce livre fut immense et provoqua un enthousiasme universel qui dure encore.

« L’auteur, dit M. de Kerdrel, croyait ne tirer qu’un coup de pistolet, et ce fut un coup de canon. » Le monde entier l’entendit et reconnut la salve en l’honneur de la Bretagne.

On ne s’attend pas à trouver ici une critique touchant l’authenticité de ces textes. D’autres, autrement qualifiés que nous, l’ont entreprise. À Dieu ne plaise que nous les suivions dans une telle voie. Nous regretterons seulement que l’ardeur de la polémique ait aveuglé ceux qui y prirent part, au point de leur faire méconnaître souvent les beautés de l’œuvre de La Villemarqué. Maintenant que le débat est clos, grâce au savant auteur de la Chrestomathie bretonne, M. Loth, il est bon d’exalter cette création admirable, bien que douteuse d’origine, et de rappeler que les adversaires du Barzaz Breiz ne furent pas toujours les mieux renseignés. On sait à quoi s’en tenir actuellement sur tels arguments colportés par des folliculaires qui ne virent chez le savant écrivain qu’un ennemi politique ! L’heure des querelles est passée. Il n’y a place ici que pour deux opinions : ou La Villemarqué est le collecteur du plus grand monument d’art provincial qui ait été réalisé, et il demeure, en ce cas, un érudit que la censure n’atteint pas ; ou il est l’auteur de ces sublimes légendes de La Submersion de la ville d’Is, du Tribut de Nomenoé, etc., et il faut le considérer comme un poète de génie. Quoi qu’il en soit, son action est digne de mémoire.

« Ce que nul ne contestera, conclut M. Louis Tiercelin, c’est l’influence merveilleuse de ce livre sur le mouvement des études celtiques. Pas un autre recueil, si savant soit-il, n’a valu plus que celui-là pour la gloire du pays breton et l’expansion de la gloire bretonne. Avant M. de La Villemarqué, bien des historiens locaux, bien des archéologues, avaient écrit sur la Bretagne, mais les Le Maout, les Manet, les Kerdanet, les Penhouet, les Freminville, les Le Brigant, etc., ont fait œuvre morte ; du Barzaz Breiz seulement date l’exhumation de la Bretagne. »

Après cela, osera-t-on sourire de ce qu’écrivait un jour George Sand dans ses Promenades autour d’un village, à l’occasion du Barzaz Breiz ? Qu’importe !

Une seule province de France est à la hauteur dans sa poésie de ce que le génie des plus grands poètes et celui des nations les plus poétiques ont jamais produit. Nous voulons parler de la Bretagne. Le Tribut de Nomenoé est un poème de cent quarante vers plus grand que l’Iliade, plus complet, plus beau, plus parfait qu’aucun chef-d’œuvre sorti de l’esprit humain… En vérité, aucun de ceux qui tiennent une plume ne devrait rencontrer un Breton sans lui ôter son chapeau. »

Bibliographie. — F.-M. Luzel, De l’Authenticité des chants du