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BOURGOGNE


Mais ce n’est plus la mode, — Car les gens bâfrent, en vérité, — D’une étrange manière, — Souvent jusqu’à en crever ! — Après tant, etc.

Mais laissons ce discours à part ; — C’est cracher, comme on dit, en l’air — De vouloir tant jaboter ; car — Il faudrait bien un autre clerc — Que moi, qui n’[y] entends goutte, — Pour débourber les égarés — De la mauvaise roule — Où ils sont enfoncés. — Après tant, etc.

Tant pis pour ceux-là qui ont tort ! — Je me remets en mon discours, — Et je reviens près du faubourg — Où de Jésus l’aimable corps, — Étendu sur la dure, — Dans un état qui fait pitié, — Va (est) tremblant de froid — Depuis la tète aux pieds. — Après tant, etc.

Nous verrons ce divin enfant — Qui nous dira d’un ton riant : — « Prenez courage, bonnes gens ! — De Satan je suis triomphant, — Et je compte mes peines — Pour rien, si vous en profitez ; — Brisez donc vos chaines — Pour que tout aille bien ! » — Après tant, etc.

Les rois d’Orient, autrefois, — Se rencontrèrent en un endroit — Et s’en vinrent à lui tout droit ; — La France, certes, en a vu trois — De grande conséquence — Qui viendront [1] vers ce digne enfant —

Ma ce u’a pu lai mode.
Car lé jan bafre, en véritai,
D’eue étrainge métôde,
Sôvan jeuquai crevai !

Ma laisson ce discor ai par ;
Ça craiché, côme ou di, eu l’ar,
De veloi tan jaibòtai, car
Ai fore bén un autre clar
Que moi, qui n’entan gôtte,
Por déborbai lés égairrai
De lai méchante rôtte
Voù ai sou essarrai.

Tan pei por ceu-lai qui on tor !
Je me rebôtte en mou discor
lit je revéu pré du faubor
Voù de Jesu l’aimable cor,
Etaudu su lai dure,
Dan uu éta qui fai pidié,
Vai grullan de froidure
Dépeu lai téte é pie.

Je voirron ce divin enfan
Qui no dirai d’ein ton rian :
« Prené coraige, bonne jan !
De Satan je seu triomphan
Et je conte me peine
Por ran, si vos en profité ;
Brisé don vote chêne
Por que tôt aule (aille) bé. »


Lé roi d’Orian, antrefoi.
Se reucontriro en un endroi
Et s’eu venire ai lu tô droi ;
Lai France, jarre, eu ai vu troi
De grante conséquance
Qui véuron vé ce daigne enfan

  1. Il faudrait, semble-t-il, le passé.