— Je bayerons à noute drôle
Que vela ici présent,
Un’ biaud’ blanche pre ses dimanches,
Et trois chapiaux quasiment.
Je mènerons à la fouère
Le plus biau de tous n’tés viaux ;
L’argent en sera pre bouère
Et pre acheter des joyaux,
Des angnaux[1] et pis des bagues
Que chassons les chiens enragés,
Des ayanss[2]
bientes reluisantes
Et des sabots visolés[3].
Allons, boute-toi-z-à la table ;
Passe ici près de Bastien ;
Et toi, drôle, vas à la cave
Pre nous tirer de ce bon vin.
Je cuérons la grand’ loriente[4]
Le jour que je les marierons :
Que j’serons aise, compèr’ Blaise,
Tatigué ! que je bouérons !
Au château de la Garde, il y a trois belles filles.
Il y en a une plus belle que le jour :
Hâte-toi, capitaine,
Le duc lui fait la cour.
Dedans son jardin, suivi de sa troupe,
Il entre et la prend sur son bon cheval gris,
Et la conduit en croupe
Tout droit à son logis.
Aussitôt arrivée, l’hôtesse la regarde :
Etes-vous ici par force ou par plaisir ?
Au château de la Garde
Trois cavaliers l’ont pris.