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LES POÈTES DU TERROIR

Sur le roc l’herbe se flétrit, — Mais vous verrez germer — Sous peu quelque autre semence, — Et le bois va revenir.

Auparavant, il faut qu’avec la bêche, — Ton vieux corps déchiré, — Terre, bonne nourrice, — Fasse pousser ce blé, — De ta feuille pourrie, — Transformée en humus. — De la mort vient la vie, — Rien ne disparaît entièrement.

Tout finit, tout commence, — De tous c’est le sort : — La mort suit la naissance, — L’un entre, l’autre sort…

Et au fond tout là-bas, — Tranquille, un peu lasse, — Sans cesse la (rivière de) Dore passe, — Comme un ruban d’argent.

(Chants des Montagnes, 1904.)

Au ro l’erbo se fano,
Mas véiri germena
Diens re quàqu’autro grano.
Et le bèu vài tourna.
D’avan chaut qu’em’la bisso,
Toun vé cors èifranlio.
Tiarro, bouno nurriço,
Faje veni quet bliod,

De to fèlho purido
Virado en foumarèi…

— De la Mort ve la Vido,
Re passo per l’èntéi !
Tout chabo, tout coumènço,
Ea tritous qu’ei le sort :
La mouort set la nèissènço,
Vion néntro, n’autre sort…

E au found, d’ati lin,
Tranquilo, tapàu lasso,
Tejour lo Doro passo
Coum’un riban d’argèn.

Ers de lous suts, 1904.