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INTRODUCTION



Ce livre est le fruit de plusieurs années de labeur.

À l’heure où l’on se préoccupe de l’origine des individus, où l’on détermine l’influence du milieu dans les moindres manifestations de la vie sociale, il nous a paru utile de réunir quelques documents glanés au cours de longues recherches dans le domaine de notre ancienne poésie et d’indiquer les ressources de plusieurs siècles d’évolution littéraire. L’intérêt d’un tel genre d’étude n’échappera à personne. Ce n’est point d’hier seulement que date la suprématie provinciale et que l’on est admis à penser que la petite patrie, le terroir, si l’on veut, a été sans cesse le sous-sol qui a fait germer, croitre et épanouir la plus belle flore du génie français. Il y a là-dessus d’éloquentes phrases, si répandues, qu’à les répéter nous nous ferions l’interprète de véritables lieux communs. Aussi bien la province n’est-elle, à proprement parler, qu’un cadre où vinrent se grouper, au cours des âges, les menus faits de la tradition nationale. Cadre factice, sans doute[1], et que prolongent ou débordent les anciens pagi de la Gaule, mais cadre indispensable à quiconque tente de retrouver les foyers de cultuye, les centres de notre civilisation gréco-latine[2]. Il y a en

  1. Voyez ce qu’en a dit M. Armand Brette dans son beau livre, Les Limites et les Divisions territoriales de la France en 1789 (Paris, Cornély, 1907, in-8o). Nous ne reprocherons qu’une chose à cet auteur, c’est de ne pas avoir tenu compte suffisamment des particularités géographiques de la « province ». Aussi bien son travail vise-t-il une France historique et administrative.
  2. Les unités locales de la France, s’écrie M.  Pierre Foncin (cf. Les Pays de France, Paris, Colin, 1908, in-12), ne seraient autre chose, selon nous, que ces régions naturelles qui ont conservé le nom clair et net de pays… Parlez de « pays » à un paysan : il est de