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DU CORPS FÉMININ

Oeil où mon cueur s’estoit devant rendu,
Que luy eussiez le logis deffendu.
Oeil si se veult tenir pensif et coy,
Qui faict sortir de soy je ne sçay quoy,
Que l’on voit bien toutesfois commander
Aux demandeurs de riens ne demander.
Oeil qui me donne en y pensant tant d’aise,
Oeil, ô doulx œil, que si souvent je baise,
Voire, mais œil, j’entendz que c’est en songe,
Oeil qui ne peult souffrir une mensonge ;
Oeil qui voit bien qu’à luy me suis voué,
Oeil qui ne fut jamais assez loué,
Mais toutesfoys pour eviter envie,
Oeil doulx et beau, le propre de m’amye.
Oeil je sois vostre, et de ce vous asseure.
Escoutez moy, mon œil, je vous conjure
Par Cupido que vous avez tout nud,
Et par son arc qu’en vous ay recongneu,
Par le plaisir que l’un des miens auroit,
Si d’adventure à vous se mesuroit.
Par tout mon bien, par l’ouverte fenestre
Que vous voyez en mon costé senestre,
Par la beaulté de celle que sçavez,
Par le venin que vous me reservez.
Oeil, dictes moy ce que vous respondictes,
Descouvrez moy le signe que me feistes,
Quant on disoit que mal seroit assis
Le beau maintien de vostre esprit rassis,
Hors de la court s’il estoit entendu
En autre sens que ne l’avez rendu :
Declairez-moy, s’il vous plaist, ce langaige,
Et n’en parlez rien qu’à vostre advantaige.