et un caractère trop latins, comme l’observe fort judicieusement notre savant philologue M. Littré[1], sème sa facétieuse narration de maximes et de proverbes marqués au coin du bon sens, et, dans un style railleur, énergique et parfois éloquent, « va jusqu’à l’exquis et à l’excellent et peut être le mets des plus délicats[2]. » On ne s’étonne donc pas qu’avant Beaumarchais trois écrivains de génie, Molière, le plus profond observateur, La Fontaine, le plus grand poëte peut-être du XVIIe siècle, Racine, un maître en fait de langage, aient jugé bon de butiner dans son œuvre non moins utile que délectable, et en aient tiré des termes et des expressions dont ils sentaient la force et la justesse. C’est une preuve de haute estime pour les qualités éminentes de Rabelais, la figure la plus extraordinaire de notre littérature.
Mais l’esprit plus encore que le style du Satirique eut une immense portée : il ouvrit désormais la voie aux glorieux défenseurs de la raison, de la vérité et de la justice outragées. C’est dans son vaste et riche arsenal qu’ils choisirent chacun leur