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savoir et à l’honnêteté, et dont la prêtresse Bacbuc[1] est la personnification.

On n’est pas surpris du ton plaisant que Rabelais a pris dans tout le cours de ce livre, comme s’il s’était agi d’une immense farce, quand on connaît l’homme et le milieu où il a vécu. D’une humeur joyeuse, Rabelais donnait sans effort un tour joyeux aux pensées même les plus graves ; c’était fort heureux pour lui, puisque le rire semblait nécessaire au réformateur qui voulait être bien accueilli d’un monde où régnait la gaîté. Là n’était pas tout le mal ; mais il y en avait beaucoup, et on avait chance de l’y combattre peut-être avec plus de succès qu’ailleurs. Toutefois on ne pouvait essayer de vaincre l’ennemi que par surprise, en se glissant insensiblement dans la place et en s’y fortifiant, sans qu’il s’en aperçût : pour cela il fallait le prendre par son côté faible. Au reste, s’il ne parvenait pas à corriger ses contemporains en les égayant, ce qu’il n’espérait probablement pas, il s’égayait du moins à leurs dépens, en épanchant, pour sa satisfaction personnelle, le trop plein de

  1. Bouteille.