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savants, pour retirer quelque avantage de leur conversation, récapitule brièvement à son retour tout ce qu’il a lu, vu, su, fait et entendu dans le cours de la journée, et, avant de jouir d’un repos bien mérité, adresse une prière à Dieu.

Lorsque le temps est pluvieux (il faut prévoir tous les cas), après dîner l’élève, pour accroître ses forces physiques, s’amuse à fendre et à scier du bois ou à battre des gerbes dans la grange ou à faire quelque autre travail pénible, n’a garde de négliger la peinture et la sculpture, va voir les ateliers des ouvriers passés maîtres dans leur art, écoute les leçons publiques, les plaidoyers des gentils avocats, « les concions des prescheurs euangelicques[1], » s’habituant ainsi à la tolérance religieuse en appréciant les vérités d’un autre culte, et, au lieu d’herboriser, parcourt les boutiques des droguistes et des herboristes, sans oublier d’assister au spectacle des bateleurs, pour s’instruire de leurs ruses et de leur beau parler ; car aucune connaissance ne doit lui être étrangère.

Voilà certes un jour bien employé ! Il n’y a pas

  1. Gargantua. Chapitre XXIV.