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huict heures[1] ? » N’y avait-il qu’un Thubal Holopherne[2] pour apprendre, plus de cinq ans, l’alphabet à son élève, « si bien quil le disoit par cueur on rebours[3], » pour lui lire, plus de treize ans, les traités de Donat sur les huit parties du discours et sur le barbarisme, le Facet de Jean de Garlande et les paraboles d’Alain, puis, plus de dix-huit ans, le De modis significandi avec les commentaires ? Ne rencontrait-on pas bon nombre de vieux tousseux, tels que maistre Jobelin Bridé[4], capables d’initier les enfants au Græcismus d’Hébrard, au Doctrinal, aux Parts, au Quid est, au Supplementum, au Dormi secure pour les fêtes et à quelques autres ouvrages aussi intéressants ? Un tel mode d’éducation devait corrompre toute fleur de jeunesse, abâtardir les bons et nobles esprits : c’est le jugement de Don Philippe des Marays, vice-roi de Papeligosse ; c’est aussi celui de tous les gens sensés.

Rabelais essaie de rajeunir et de transformer

  1. Gargantua. Chapitre XXII.
  2. Nom de l’auteur d’une farce intitulée : Prognostication nouelle et ioyeuse pour trois iours aprez iamais, 1478 ; par conséquent signifie un farceur.
  3. Gargantua. Chapitre XIV.
  4. Nigaud.