tromper. Se comportant en personne de qualité, sans recourir à aucun déguisement, il représente au XVIe siècle la classe seigneuriale dont la vie se passait dans l’oisiveté et le désordre, lorsqu’elle n’était pas occupée par les guerres. Plus d’un châtelain de Salmigondin[1], avide de plaisirs et de fêtes, dilapidait en peu de temps les magnifiques revenus de sa châtellenie, et, si, pour se procurer de l’argent, il ne guerroyait pas dans son pays, à la manière de ses ancêtres du XIe siècle, pillant sur les grandes routes et rançonnant les bourgeois dans les villes, il empruntait et remboursait aux calendes grecques. Cette autre façon d’obtenir ce qui ne lui était point dû, était pleine d’urbanité : l’astuce remplaçait la violence ; c’était une transformation adroite du système féodal. Le prodigue seigneur pouvait faire, comme l’honnête Panurge, l’éloge des dettes et des emprunts, heureux d’avoir pour appui quatre vertus principales : la prudence, en prenant argent d’avance ; la iustice, en tenant table ouverte aux gentils compagnons jetés, sans provisions de bouche, sur le roc de bon appétit ; la force, en
- ↑ Château où règne le désordre.