decretaliste, il n’est pas de fonction, si difficile qu’elle soit, dont on ne s’acquitte à merveille : on est en état d’être un bon capitaine, un habile politique, un sage souverain ; on a tous les talents et toutes les vertus.
L’île Sonnante[1] est remplie de cages vastes, riches, somptueuses, habitées par de grands, beaux et doucereux oiseaux, chantres infatigables ressemblant aux hommes et nourris aux frais de tout le monde : les uns ont un plumage blanc, les autres noir, les autres gris, les autres rouge. Ces cages, quelque belles qu’elles soient, sont un emblème de la servitude où vivent les membres des différents ordres religieux depuis les plus humbles jusqu’aux plus élevés, sans en excepter même le souverain pontife esclave de son ambition : le besoin de posséder et de dominer ne lui fit-il pas souvent suivre une politique étroite et astucieuse qui, en le réduisant au rôle d’un misérable conquérant, amoindrit son autorité morale ? Jules II, par exemple, donna aux peuples ce triste et funeste spectacle. « S’il avait rendu la papauté plus
- ↑ Pantagruel. Livre V, chapitre II.