les moines, dont la vie était peu édifiante. Les moines de cette époque étaient le plus souvent ignorants et trop amis du bon vin et de la bonne chère. L’auteur de Gargantua les connaît parfaitement : il a fait partie de leur congrégation, il a vécu de la même vie ; les ayant longtemps fréquentés, il sait à quoi s’en tenir sur leur compte, et, si parmi eux il a trouvé quelques savants, véritables hellénistes tels que le cordelier Pierre Lamy auquel il a dû d’entrer en relations avec Guillaume Budé[1], il en a connu bon nombre dont la science consistait à marmotter « grand renfort de legendes et pseaulmes nullement par eulx entenduz, conter force patenostres, sans y penser ny entendre[2], » et qui sans doute, comme le frère Jean des Entommeures[3], étaient toujours disposés à faire de grasses offrandes à « Messer Gaster, premier maistre es ars de ce monde[4], » et à participer à « la humerie du bon piot[5]. »
Son persiflage n’épargne ni les Decretales[6], grâce
- ↑ Célèbre érudit français qui fut avec le savant Érasme à la tête du monde littéraire au commencement du XVIe siècle.
- ↑ Gargantua. Chapitre XL.
- ↑ Qui entomme, entame, parce que seul il tailla en pièces les pillards du roi Picrochole.
- ↑ Pantagruel. Livre IV, chapitre LVII.
- ↑ Gargantua. Chapitre XXXIX.
- ↑ Lettres écrites par les papes pour résoudre certaines questions ecclésiastiques, et faisant partie du droit canon.