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son intérêt de se concilier les cœurs des vaincus par sa grandeur d’âme et sa générosité, se souvenant que « un bon tour liberalement faict a homme de raison croist continuement par noble pensee et remembrance[1]. » De tels conseils n’étaient pas superflus ; car trop souvent les souverains ressemblent, pour le malheur des peuples, à Anarche, le trouble personnifié et couronné, type de « ces diables de roys qui ne sont que veaulx, et ne sçauent ny ne valent rien, sinon à faire des maulx es pauures subiectz, et à troubler tout le monde par guerre, pour leur inique et detestable plaisir[2]. »

Que faut-il entendre par les sacs dont la grosseur est pour le juge civil Bridoye[3] l’indice certain de l’obscurité des affaires, sinon les masses de paperasses et de grimoires, productions des Chicquanous et des Procultous[4], qui, dans leur intérêt, compliquent les procès, accroissent les points litigieux, obscurcissent les témoignages les plus clairs, et font rendre des jugements aussi clairvoyants et équitables que ceux de Bridoye,

  1. Gargantua. Chapitre I.
  2. Pantagruel. Livre II, chapitre XXXI.
  3. Niais.
  4. Ce sont les huissiers et les procureurs.