qu’un homme recommandable par son expérience, son savoir et sa sagesse ait la prépondérance sur les administrateurs, et veille à ce qu’ils ne profitent pas de l’enfance du souverain, pour satisfaire leur avarice. Il faut, pour être à même de bien gouverner un jour, que l’héritier de la couronne, sous la direction des savants du royaume, développe les pouvoirs de son âme, enrichisse son esprit des vérités anciennes et nouvelles, acquière par les longues et sérieuses études des connaissances solides, et, convaincu que la science sans la conscience est seulement la ruine de l’âme, apprenne à servir, à aimer Dieu et son prochain. Quand il a en main la puissance suprême, il doit, en toute circonstance, s’éclairer, avant d’agir, des lumières de la raison. Loin de provoquer, il est de son devoir d’apaiser, et de songer uniquement à garder ses possessions intactes. Agir autrement c’est commettre une folie, et par là s’exposer à de cruels revers ; car « debiles sont les armes au dehors, si le conseil nest en la maison[1]. » Dans une guerre entreprise justement, s’il remporte la victoire, il est de
- ↑ Gargantua. Chapitre XXIX.