deries et meschansetez[1]. » Ainsi parle Grandgousier à Toucquedillon[2], prisonnier de guerre qu’il renvoie à Picrochole[3] son roi, avec mission de l’amener à résipiscence. Hélas ! Picrochole est un conquérant. Atteint d’une maladie incurable, la folle ambition, il écoute avec complaisance les conseils chimériques de certains gouverneurs, fait la sourde oreille à la voix de la sagesse, et, en dépit de sa faiblesse, ne rêve que conquêtes, sans se douter que tous ses magnifiques projets doivent avoir la fin du pot au lait. Il perd en effet ce qu’il possède et devient pauvre gagne-denier à Lyon, se berçant toujours du doux espoir de recouvrer son royaume « a la venue des Cocquecigrues[4]. »
On pouvait aussi puiser dans ce tonneau Diogenic les principes d’une politique raisonnable et honnête. Pour cela on n’avait qu’à lire les lettres de Grandgousier et de Gargantua, et le discours de ce bon géant aux habitants de Lerné soumis à ses lois par la victoire. À la mort du roi, en cas de minorité du prince, il est nécessaire