Page:Vallat - Le Génie de Rabelais, 1880.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reproduis le plus scrupuleusement possible le texte primitif[1] ; car le rajeunir, si légèrement que ce soit, c’est, à mon avis, lui enlever quelque chose de sa physionomie propre et par conséquent l’abâtardir. Chaque mot a sa forme, sa couleur, son originalité. Rien n’est à changer. Voyez à ce sujet comme les noms des personnages sont expressifs et caractéristiques. La moindre modification en atténuerait la force ; aussi, pour la faire mieux sentir, ai-je pris soin d’indiquer brièvement en temps et lieu leur étymologie.

Je me propose donc, uniquement pour l’instruction du plus grand nombre, de mettre en lumière, dans quelques pages, l’impulsion vigoureuse donnée par un sage, sous le masque d’un fou, à l’avancement intellectuel et moral de la France, et d’accuser les traits les plus saillants de son incomparable génie.

Puissé-je, par cette simple interprétation de Rabelais, éclairer tous ceux qui ne le connaissent point, et leur apprendre à juger sainement, malgré

  1. Les accents, les apostrophes et les cédilles n’étant pas usités en typographie avant 1533, époque où le système de l’imprimeur Geofroy Tory concernant les signes orthographiques fut généralement adopté, je n’en ai point mis dans mes citations tirées de Gargantua dont l’édition originale est de 1532.