j’étais parvenu à mettre de côté en me privant souvent du nécessaire. Combien d’autres gens dans le canton et ailleurs, quoi ! par toute la France, ont fait comme moi ! Je ne connais dans le pays que le père Mathurin qui soit arrivé, par des moyens déshonnêtes, à agrandir ses champs : il faisait partie jadis de la bande noire et, pour s’enrichir, n’hésitait pas à affamer le peuple. C’était aussi un marchand de biens qui profitait de la gêne extrême des petits propriétaires pour acheter à vil prix leur pré ou leur maisonnette. À coup sûr, la propriété de Mathurin est le résultat du vol. Voilà un fait incontestable. Suppose un instant que je n’aie pas un sou vaillant ni un coin de terre à moi. Ai-je le droit pour cela de prendre la moitié du bien de Mathurin ? Tu me diras que son bien est un bien mal
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