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teurs, lesquels se composaient d’habitués du café, et leur tenait le langage suivant :

— Écoutez ; ça m’embête de ne rien faire. Faites-moi seulement dix francs, et je vas acheter un fonds de fleuriste. Je vendrai des bouquets aux dames. Au moins comme ça, je ne serai pas un vagabond ; je serai un homme établi.

On lui faisait les dix francs, qu’il s’empressait d’aller jouer dans un petit cabaret de la rue Basse.

Puis il revenait offrir ses services aux habitués.


D’une industrie étonnante, il a été l’inventeur des mille moyens employés, encore à l’heure qu’il est, par le voyou de tous les quartiers, pour soutirer quelques sous au passant.

Il a créé l’offre du feu.

Son chef-d’œuvre, est l’invention du truc à l’amour.


Avisant un gandin, il s’approchait de lui l’oreille basse, la voix émue :

— M’sieu, lui disait-il, donnez-moi vingt sous