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ressource consistait dans son ventre à accordéon.

À force de dévorer, il s’était confectionné un ventre étrange, ventre qui défiait toutes les probabilités médicales.

Il en pressait l’épiderme dans sa main et l’allongeait comme une bretelle élastique.

Pour qu’il se livrât à cette expérience, il suffisait de lui offrir à dîner.

Mais malheur à celui que sa curiosité poussait à faire cette dépense !

Thomas l’Ours mangeait comme douze hommes.

Jamais ogre n’engloutit ce qu’il avait la faculté d’ingurgiter sans être malade.


Un jour, deux habitués du café du Cirque, projetèrent de jouer un dîner pour Thomas l’Ours.

Deux louis y furent consacrés.

Quand ils vinrent le trouver pour lui annoncer qu’ils avaient quarante francs à lui faire manger, il hocha la tête.

— C’est bien peu, fit-il ; payez-moi seulement une légère collation, c’est tout ce que l’on peut faire avec cela.