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Il jouait la comédie au même théâtre.

X… représentait dans une pièce militaire, dont j’ai oublié le titre, le rôle d’un général ennemi, qui était tué, chaque soir, à onze heures sonnantes.

Son ami remplissait le rôle d’un colonel français ; c’est lui qui ordonnait aux soldats d’enlever les cadavres ; X… s’empressait, sitôt que les Frrrançais avaient, avec le respect dû au courage malheureux, transporté son corps dans la coulisse, de courir se déshabiller et d’aller porter son peu d’argent au tripot.


Un soir, le colonel français, qui toute la journée s’était inutilement transformé en foudre d’éloquence pour empêcher X… d’aller faire le trentième dans une forte partie projetée pour ce soir même, trouva un moyen de faire rester son ami dans le sentier de la vertu.

Le coup de fusil qui le tuait à onze heures partit. — X… tomba. — L’ami entra en scène.

— Enlevez les cadavres, dit-il.

X…, joyeux d’être délivré, déboutonnait déjà