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laisse une enfant sans pain, et les rires continuent dans la rue et ils continuent à l’étage inférieur, et nul n’a même, tout préoccupé qu’il est de ses plaisirs ou de ses affaires, un mot de pitié pour ce drame sombre et terrible.


III


Et cependant, tout enfant que j’étais, il m’avait semblé à moi, à la vue de mon père pâle et défiguré, se débattant vainement contre la mort, que le monde venait de s’arrêter tout à coup et que quelque chose s’était brisé dans l’immensité.


Ah ! c’est que ceux qui les peuvent embrasser encore, ces anges que Dieu met à nos côtés, ceux qui les possèdent encore, ces trésors de bonté et d’amour, ceux qui ne sont pas seuls en leur maison solitaire, ne savent pas ce que c’est que l’absence d’une mère et d’un père.


On a beau la remplir, cette maison, de gloire