Page:Valladon - Mémoires de Thérésa, 1865.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La ronde de ce drame courait déjà les rues, je la chantonnais comme tout Paris : je voulus voir la pièce.

Mon père n’était pas assez riche pour me conduire au spectacle, et cependant je voulais à tout prix assister à une représentation des Bohémiens.


Ce supplice dura deux mois.

Un soir je n’y tins plus.

J’étais en course dans un quartier populeux, rue Folie-Méricourt, au coin du faubourg du Temple ; j’étais restée une demi-heure devant l’affiche, lisant et relisant les noms des acteurs, et j’avais été saisie d’un désir si violent d’entendre chanter la ronde par M. Adalbert, qui jouait le rôle de Pelure-d’Oignon, que je résolus d’aller au théâtre coûte que coûte.

J’étais sans un sou.


Je me promenai pendant une heure dans toutes les rues du faubourg du Temple, les yeux constamment fixés vers le pavé, dans l’espoir de