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si fine, si distinguée, si spirituelle de l’immortel auteur de tant d’adorables partitions.

Je respirais à peine ; j’étais troublée comme une écolière devant son maître,

J’étais à la fois orgueilleuse et humiliée : orgueilleuse de me voir applaudir par un des plus grands musiciens de ce temps ; humiliée d’être si peu de chose à côté de ce grand compositeur.


Ah ! s’il avait pu lire dans mon cœur, il se serait rendu compte de l’immense joie que j’éprouvais ce soir-là.

C’était comme une suprême consécration de ma réputation.

Et quand on me dit :

— Vous n’êtes rien dans le monde artiste, rien qu’une humble chanteuse de café-concert, à qui l’engouement public a fait une position qu’elle ne mérite pas,

Je réponds :

— Peu m’importe, puisqu’un des plus grands musiciens de ce temps a daigné m’applaudir.