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Il vient tous les soirs à l’Alcazar ou plutôt il y venait, car depuis quelques mois, des ennemis jaloux l’ont arraché de mes États pour le conduire à Charenton.

Sa folie consistait à se croire mon mari.


Chaque fois qu’on m’applaudissait, qu’on me jetait des fleurs, il se tournait fièrement vers le public et disait :

— N’est-ce pas qu’elle chante bien, ma femme ?

Il était sévère pour mes camarades.

— On a tort de les laisser chanter avec Thérésa, disait-il ; cela porte un certain préjudice à mon épouse.


Il parlait au chef d’orchestre.

— Si ma femme, disait-il, chante ce soir la Nourrice, accompagnez-la doucement ; vous savez qu’elle tient beaucoup à ce que le public entende les paroles.

Vers six heures, il faisait queue, et si un ami le rencontrait là et s’étonnait de cette assiduité, il répondait :