Page:Valladon - Mémoires de Thérésa, 1865.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ter une note chez une actrice des Folies-Dramatiques, que je trouvai en train d’étudier une ronde qu’elle devait chanter dans un nouveau vaudeville.

Elle me congédia brusquement.

Mais l’air m’avait plu, et au lieu de rentrer à l’atelier, je restai devant sa porte, l’oreille collée contre le trou de la serrure, et je l’entendis ainsi répéter son refrain, que je retins bientôt.


Au bout de deux heures, je revins à l’atelier en fredonnant l’air nouveau. Ma maîtresse me reçut fort mal ; je me sentis humiliée de m’entendre dire des choses blessantes devant tout le monde.

J’avais le sentiment de l’indépendance comme toutes les filles de ma condition qui ont grandi en plein air ; mon père m’avait appris à lire et à écrire, je n’avais jamais fréquenté une école ; personne ne m’avait jamais imposé sa volonté ; mon caractère s’était développé librement avec les instincts de ma nature un peu sauvage.


Je quittai ma seconde maîtresse.