Page:Valladon - Mémoires de Thérésa, 1865.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IV


Le soir je fis part à Goubert de cette conversation. Mon directeur me regarda avec surprise.

— Comment, on vous offre cela, et vous n’acceptez pas ?

— Non !

— Ma foi ! vous avez joliment tort, car jamais je ne vous en donnerai autant.


Le lendemain même je signais avec M. Lorge.

À la première nouvelle qu’en reçut Goubert, il ne fit qu’un bond jusque chez moi.

— C’est affreux, me dit-il ; mais vous voulez donc me ruiner ?

— Mon cher, lui dis-je, il est une chose qu’il ne faut jamais refuser aux artistes, c’est l’encouragement ; l’indifférence est le plus grand mal que l’on puisse leur faire… C’est un jeu dangereux… Nous avons, nous autres, une nature à part. Dans les luttes que nous soutenons chaque jour avec le public nous avons besoin de courage ; le vulgaire croit que c’est pour