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nage. Tout ce qui était en dehors des quatre murs de notre obscur logement ne l’intéressait guère.

Mon père, un humble musicien, s’en allait jouer du violon dans tous les bals où il trouvait du pain pour sa famille.

Sa plus grande joie était de m’entendre chanter les airs qu’il jouait sur son violon et qu’il me faisait répéter pendant des heures entières.

Il est vrai que je ne lui donnais pas beaucoup de travail, car il suffisait qu’il me jouât trois ou quatre fois le même air pour que je le retinsse.


À l’âge de trois ans, je savais par cœur toutes les chansonnettes à la mode. Je les fredonnais soit dans la cour de la cité, soit dans l’escalier de la maison.

Les voisins m’avaient prise en grande affection ; on m’invitait à dîner dans toutes les mansardes du voisinage, et au dessert, la petite chanteuse — c’est ainsi qu’on m’appelait déjà — disait, de sa petite voix flûtée, les chansons qui couraient les rues.