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plaisanter les malheureuses filles que le sort a jetées sur les planches d’un café-concert. Ces pauvres artistes, ignorées souvent, gagnent bravement leur misérable vie, et économisent sur leur dîner de quoi acheter une robe blanche, tandis qu’elles, ces impudentes créatures, font fortune rien qu’en montrant de temps en temps une jambe dans un vaudeville nouveau.


On dit qu’elles ont de l’esprit, qu’elles sont amusantes.

Un soir que j’assistais à une première représentation, dans un théâtre de genre, j’avais pour voisines deux petites dames qui s’étalaient dans une loge, au fond de laquelle on apercevait deux jeunes gens.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria tout à coup celle qu’on appelait Amandine, j’ai oublié que c’est aujourd’hui la fête de ma mère. J’irai lui porter un bouquet… l’année prochaine.

Un grand éclat de rire accueillit cette facétie de mauvais goût.

Si c’est là de l’esprit, où est la bêtise ?