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VI


Il y eut alors chaque soir une lutte entre le bourgeois et le soldat, lutte paisible, il est vrai.

Quand mademoiselle Flore chantait, l’enthousiasme des civils débordait.

Après mes chansons l’enthousiasme militaire ne connaissait plus de limites.

Un soir, quand j’eus dit la ronde de Ma Nièce et mon Ours, un coup de sifflet retentit.

Ce fut l’allumette qui mit le feu aux poudres.

Aussitôt les soldats se levèrent en masse pour protester, et bissèrent ma ronde, que je redis au milieu d’applaudissements unanimes.


Le lendemain, un maréchal-des-logis-chef et un sergent se présentèrent à mon domicile pour m’offrir, au nom de leurs camarades, un énorme bouquet.

Ce furent les premières fleurs triomphales qui tombèrent à mes pieds, et j’éprouvai une joie enfantine.